À chaque trimestre, Filière Bois Wallonie publie son baromètre de l'activité au sein de la filière bois. Il propose un tableau récapitulatif des tendances par sous-secteur d'activité, des indications de conjoncture glanées auprès des professionnels wallons, ainsi qu'une sélection de graphiques contextuels utiles pour décrypter les évolutions constatées et les replacer dans un contexte plus général.
Le 1er trimestre 2023 est principalement marqué par :
• Le retour d'une certaine stabilité sur les marchés des résineux et des feuillus
• Le prix des pellets qui poursuit sa tendance à la baisse
• Le ralentissement du secteur de la construction
• La stagnation de la construction bois, alors que la part de rénovations augmente
Les indications de conjoncture
Ce printemps, en Wallonie, la transformation des résineux se caractérise par une offre en bois ronds d'épicéa stable et des prix qui repartent légèrement à la hausse. L'Allemagne manque de bois.
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L'administration semble tarder à délivrer l'épicéa, dans la perspective d'une mise sur le marché prochaine de bois scolytés à qui elle donnerait la priorité. En raison de l'incertitude qui règne sur le prix du bois, les propriétaires font état de contrats de vente à très court terme. Au niveau des conditions météorologiques, les longues périodes pluvieuses, même si elles sont nécessaires, n'ont pas été favorables non plus à la sortie des bois en forêt.
Si la demande en sciages résineux reste constante, les prix repartent à la hausse après une période baissière sur les produits principaux (- 50 % en 6 mois). Le marché des voliges est quant à lui difficile.
La demande est très faible. Le prix des produits connexes résineux est en chute libre. La production de panneaux ralentit.
Pour les feuillus, et plus particulièrement le chêne, l'offre en bois affiche une légère hausse, principalement en provenance des propriétaires privés en cette période. En effet, pour la forêt publique, les ventes en gré à gré à destination des scieries débutent seulement. Les prix demeurent constants. La demande en sciages semble connaître un début de tassement. De manière générale, les prix restent inchangés, même si l'on assiste à des diminutions sur des produits bien précis, comme la traverse paysagère. La demande en produits connexes (bois de chauffage, sciures, écorces) se maintient, à l'instar des prix. Le bois de chauffage affiche toujours un tarif soutenu. Les prix du pellet poursuivent leur tendance à la baisse, même si le marché connaît une légère reprise.
En Allemagne, cette chute atteint des niveaux records, bien en deçà des prévisions des experts. Et le mouvement devrait se poursuivre si l'on se réfère aux tendances saisonnières habituelles. Le prix minimum rapporté est de 305 €/tonne en vrac. Le plancher est attendu durant l'été.
Dans le baromètre du troisième trimestre 2022, il était annoncé un dépassement de la capacité de production de pellets domestiques d'un million de tonnes pour 2023 en Wallonie. Les enjeux du marché du pellet se font clairement ressentir. Le pacte énergétique belge, qui vise à faire de la Belgique un pays énergétiquement neutre d'ici à 2050, avec une réduction drastique des émissions de GES, prévoit une fin de la vente de chaudières à mazout aux particuliers pour 2035. Et les régions ont décidé de prendre les devants sur le pacte fédéral, en avançant respectivement les dates d'interdiction à 2021 en Flandre (uniquement pour les logements neufs et les rénovations lourdes) et à 2025 à Bruxelles (pour tous les bâtiments). La Wallonie, quant à elle, fixe la fin des chaudières à mazout dans les logements neufs à partir du 1er mars 2025. Pour les bâtiments existants, en cas de remplacement d'une ancienne installation, l'interdiction interviendra au plus tard le 1er janvier 2026. Le SPW estime qu'il y a environ 687 500 chaudières au mazout en Wallonie (soit environ 1 ménage sur 2). Le nombre de remplacements annuels (sur la base de chiffres des installateurs) serait d'environ 27 000 (www.wallonie.be, 2023). Cette dernière mesure offre clairement des perspectives d'ouverture de marché pour le pellet domestique.
Au rayon des négoces de bois, la disponibilité aux achats est importante pour beaucoup d'essences, de qualités et de dimensions. Les prix sont stables. Les ventes aux consommateurs sont extrêmement calmes depuis la seconde partie de 2022. L'inflation et le coût des énergies ont rendu les consommateurs frileux. Certains négoces enregistrent un net recul de vente par rapport à la même période de l'année dernière.
Pour la pâte à papier et le papier d'impression et écriture, une certaine stabilité revient à l'approvisionnement, même si
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l'accès reste restreint dans un contexte de forte demande en bois de chauffage et en bois énergie de manière générale. La demande en pâte et papier est à la baisse. Les prix diminuent. Les stocks mondiaux de pâte sont élevés. La concurrence provenant de la production à partir d'eucalyptus est de plus en plus marquée.
En France, le secteur de la construction ralentit fortement en raison de la remontée des taux d'intérêt et du durcissement de l'accès à la propriété pour les candidats bâtisseurs. Or, ils sont dans la période où la demande en produits de construction est en pleine relance. Les entreprises reconstituent leurs stocks en prévision des beaux jours qui arrivent. En Amérique du Nord, de grosses unités de sciage vont réduire leur production. En Chine, le secteur de la construction tarde à redémarrer. Les importations de bois tournent au ralenti.
À l'avenir, il est fort probable que la fréquence de variation des prix des matériaux de construction soit plus élevée, et que l'amplitude de ces variations soit également plus importante. Afin d'affronter un contexte économique et commercial plus volatil, tout en conservant une certaine maîtrise des marchés, des appels d'offres et de leurs cahiers des charges, il est recommandé de consulter et d'utiliser l'outil de calcul RevTool relayé par le périodique de Buildwise de janvier-février 2023 : https://www.buildwise.be/fr/expertise-soutien/buildwise-tools/revtool/. Le premier trimestre voit de fortes augmentations des matériaux béton, brique et ciment liées aux coûts énergétiques de production et de transport, alors que le bois, moins énergivore dans sa production, semble épargné par ces fortes hausses ou à tout le moins impacté dans une nettement moindre mesure. Rappelons que le bois a été le premier matériau dont le prix a augmenté lors du printemps 2021 et le premier aussi à diminuer au second semestre 2022. Comme cela a déjà été évoqué dans les éditions précédentes du baromètre, même si le prix des matériaux et la montée des taux d'intérêt touchent le secteur de la construction en retardant certains projets, cette situation se vérifie surtout pour le non-résidentiel et l'industriel. La construction résidentielle est nettement moins touchée. Elle est surtout portée par la rénovation énergétique et l'isolation des bâtiments existants. Il s'agit d'un investissement dont la rentabilité est immédiate au vu des coûts énergétiques actuels. La Confédération de la construction avertit néanmoins que les prix des matériaux ne reviendront jamais à leur niveau d'avant la crise Covid.