Opéra Confluence à Avignon : nouveau jalon de l'architecture provisoire en bois

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Fordaq JT
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Quelques années après le Théâtre éphémère du Palais Royal pour la Comédie Française, l'opéra Confluence, inauguré vendredi dernier, franchit un nouveau palier à plus d'un titre. Autonome, plus grand, l'opéra réutilise des éléments de récupération. Entièrement démontable, on lui souhaite une seconde ou troisième vie dans le cadre des JO24 parisiens.

Il existe un pack complet de théâtre provisoire depuis l'incendie du Fenice de Venise. l'installation provisoire, sous une toile textile, comporte jusqu'au parquet et aux sièges et elle a déjà fait une étape depuis Venise avant d'arriver à Avignon. Cependant, le mistral interdisait une solution de type toile qui ne tient dans ce cas précis que pour des vents de moins de 60 Km/h. Il a donc fallu bâtir, pour une durée d'exploitation de deux ans, le temps de désamianter et de rénover l'opéra en centre ville. Enveloppe réduite dans tous les sens du terme. 1,4 millions d'euros, incitant à limiter la jauge. L'entrée avec la billetterie, les sanitaires, les snacks, des conteneurs dédiés abrités, a été antéposée, et les loges forment une rangée de conteneurs latéraux. L'une des idées de DE-SO, l'agence qui a signé La Boiserie de Mazan, réalisation pionnière et fondatrice de l'architecture bois locale : quitter la boîte en carton pour exploiter au mieux les possibilités offertes par des pentes latérales à mi-chemin entre toiture et façade. Des pentes qui permettent de faire l'économie de poteaux intérieurs, et qui contribuent à diffracter le son. Surtout que la structure est laissée apparente, avec son squelette en BLC de Margueron et ses caissons de SDCC.

Pas de voisins directs, les émergences ne posent pas un problème insoluble et l'enveloppe se limite en termes d'isolant à 10 cm de laine de roche. Pour ce qui est des bruits incidents, la rocade nord s'avère plus gênante que les TGV qui filent tout près. La ventilation s'effectue par tuyaux textile des sorte que le niveau sonore minimal de la salle n'est pas vraiment comparable à celui de la Philharmonie de Paris. Tout ou presque a été assemblé par boulonnage pour permettre un démontage aisé, même si les architectes reconnaissent qu'il va falloir ranger dans le bon ordre les pièces détachées de ce puzzle. Difficile d'utiliser les barres droites pour une autre architecture. 

Le bois s'est imposé ici face à des solutions éphémères habituelles de type chapiteau métallique Jaulin. Plus précisément, l'alliance BLC et caissons (ce n'est pas un projet CLT comme à La Comédie Française en 2012). Chiche pour en faire un opéra ultra-rural qui se déplace tous les deux ou trois ans. en fait, c'est une belle grande scène pour toutes sortes de spectacles, il faudrait inventer la troupe qui va avec, ou le programmateur. Et évaluer combien coûte le démontage, le remontage. En fait, cet opéra provisoire devrait être institué démonstrateur de la filière bois, faire l'objet d'un suivi technique. Et il pourrait aussi devenir, par échange de bons procédés, une vitrine de la construction bois d'aujourd'hui, ou de la filière bois. D'autant qu'elle est largement réalisée, pour les caissons, en bois des Alpes. Une aventure commence et on espère qu'elle ne s'achèvera pas dans un hangar comme cela est pour l'instant le cas avec la salle principale de la COP21 du Bourget, réalisée par Arbonis. Ou le Pavillon France de l'Expo de Milan. Sans parler du Pavillon Circulaire de la Place de l'Hôtel de Ville, par Encore Heureux. Tant il est vrai que le plus difficile n'est peut-être pas de concevoir une architecture démontable en bois, mais d'inventer des réutilisations. 

Images : Mathieu Labardin, DE-SO, en charge du projet (crédit : JT). Opéra en construction, image DE-SO.

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