Une première proposition de loi avait été déposée il y a 3 ans, en mars 2022, par La France Insoumise, afin de privilégier le recours à des matériaux naturels dans la construction. Aucun effet, d'autant qu'il y a eu la dissolution. A présent, second dépôt de proposition de loi n°5166, sans doute au printemps, mais sans espoir de prise en compte. Quant à l'expo, pas de retour de la présidente de l'Assemblée, et une installation alternative sur l'esplanade des Invalides toute proche.
La proposition de loi prévoit d'imposer le recours aux matériaux naturels dans la commande publique, à hauteur de 25% jusqu'en 2030, puis 50%. L'article 2 veut modifier le code de la construction et l'article 3 lancer un plan de formation, puisque, à l'heure actuelle, les centre d'apprentissage de la maçonnerie sont intéressés notamment pas la paille, mais que les enseignants ne sont pas formés.
L'actualité immédiate était la parution d'un petit livre du couple Emmanuelle Philippo-Poussol et Michel Philippo, partis de Belgique pour vivre leur aventure paille dans le Sud de la France, et qui constitue l'axe fort du lien entre ce monde de la paille et la France Insoumise, comme en témoigne la préface de Jean-Luc Mélenchon.
LFI peut se targuer d'un intérêt pour ce monde mais il semble difficile d'en dériver une adéquation politique. Surtout, LFI ne semble pas bien comprendre le fonctionnement du BTP qui n'est pas bois-terre-paille. Les députés présents à la conférence de presse parlent plus volontiers de leur expérience de constructeur de maison alternative que d'une analyse fine de ce monde complexe de la construction et de la rénovation.
Qui croit que le modèle bois-terre-paille est l'alternative anti-capitaliste ? Et pourtant, LFI dispose d'un atout, le parti réagit à l'urgence climatique et dénonce l'effet délétère de la construction traditionnelle. Il faut du culot car aucun autre parti ne semble prêt à suivre, même pas les Verts, absents, débordés.
A l'heure où l'on attend de pied ferme la RE2025, que LFI ne semble pas prêt à revendiquer, on balance entre la reconnaissance d'un parti qui ose prendre parti et remettre en cause le sacrosaint Bâtiment, et un certain effroi devant une forme de dilettantisme qui se révèle dans les prises de position.
En vérité, on n'en est pas là où LFI pense être. La construction naturelle investit tout le BTP, y compris les "multinationales" par ses jeunes, il y a une vague de fond qui se concrétise chaque année au Forum Bois Construction, avec la présentation des résultats d'un travail en profondeur mené par de nombreux architectes, épaulés désormais par des ingénieurs, des constructeurs, des bailleurs voire des promoteurs. Le BTP, c'est une grande machine complexe, et le contre-modèle proposé est un peu une caricature, car le bois-terre-paille est en fait une discipline de haut vol, pas rustique pour un sou. Le bois-terre-paille, c'est la crème du Bâtiment qui le développe, et cela met en jeu la recherche, l'industrie, les grandes agences. Exemple ce qui vient de se produire avec le projet Hortus de Herzog et De Meuron en Suisse. Il faut HdM pour oser ce qu'ils ont fait avec Martin Rauch (voir atelier B6 au Forum). En comparaison, la construction béton est devenue la science du pauvre, des ouvrages dont on sait maintenant qu'ils vieillissent tous mal.