Les prix du frêne au plus haut

Contrairement aux résineux, les marchés des feuillus ne semblent pas encore très affectés par la dégradation en cours de l’activité économique en général et par les mauvais chiffres de la construction en particulier en France. C’est une des conclusions que l’on peut tirer après les dernières ventes publiques de ce printemps 2023.

La remarque est particulièrement vraie pour le frêne qui connait actuellement un engouement sans précédent. « Je n’ai jamais connu une telle demande et avec des prix aussi hauts », observe Michel Jacquin, exploitant forestier depuis une quarantaine d’années dans l’est et gérant de Bois 39, une Sarl spécialisée dans le négoce de feuillus.

D’après ce professionnel aguerri, les grumes de frêne de qualité B/C qui se commercialisaient sur la base de 100 euros à 110 euros/m3 à l’automne 2022, partent aujourd’hui au tarif de 160 euros/m3 (voir aussi tableaux 1 et 2). Régis Anglaret, responsable commercial bois à l’ONF de Bourgogne Franche-Comté, confirme la fièvre du moment sur le frêne. « En un an et dans notre région, les prix moyens bord de route sont passés de 115 euros/m3 à 160 euros/m3. » La hausse annuelle s’établit donc autour de 40%.

Celle-ci résulte essentiellement du dynamisme des marchés à l’exportation avec une demande qui a explosé au Vietnam. L’Indonésie et dans une moindre mesure la Tunisie contribuent aussi à faire du frêne l’essence phare du moment. 

Dans le hêtre, la demande demeure globalement satisfaisante. Si les flux ont ralenti sur la Chine l’hiver dernier, le Maghreb demeure demandeur avec le Maroc comme principale destination (mais surtout en qualité C bois étuvé et à des prix plancher). Toutefois, dans un marché de fin de saison, les cours des grumes se replient de 10% environ en glissement annuel.

Les hêtres qui se vendaient en moyenne 80-85 euros/m3 bord de route début 2022, se négocient ce printemps autour de 75 euros/m3.

Enfin, pour le chêne deux tendances nettes se dessinent. Dans les assortiments haut de gamme, les cours sur 1 an se maintiennent voire progressent. C’est le cas pour le merrain dont le prix moyen est désormais proche de 1 000 €/m3, avec des maxima pouvant presque atteindre 1 500 €/m3 dans les forêts publiques réputées du Centre et de l’ouest de l’Hexagone.

En revanche, les bois de qualité secondaire subissent une baisse variant, selon les cas, de 15% à 25% (voir tableau 3). Aux mises de Bourgogne Franche-Comté, les grumes qui se payaient en moyenne à 340-350 euros/m3 bord de route en 2022, se négocient désormais autour de 290-295 euros/m3. Dans le même temps, et aux ventes ONF de l’est, les offres d’achat reculent de 7 soumissions en moyenne en 2022 par lot vendu, à 5 offres actuellement.

Tableau 1 :

Tableau 2 : 

Tableau 3 :  

Au printemps 2023 et sur 1 an, le marché du chêne présente deux orientations :

                        -un recul sensible pour les bois de 2^ème choix,

             -une progression marquée sur les qualités supérieures plots et surtout merrains.