Le 17 septembre 2024, la Fédération Française du Bâtiment (FFB) a tenu une conférence de presse majeure pour aborder la crise qui secoue le secteur du bâtiment en France. Malgré une baisse des taux d'intérêt depuis le début de l'année et l'élan offert par les Jeux olympiques de Paris, la récession dans le logement neuf persiste et continue de fragiliser l'ensemble de la filière. Le président de la FFB, Olivier Salleron, a profité de cette occasion pour faire un état des lieux inquiétant et appeler à des mesures immédiates de la part des pouvoirs publics.
La crise du logement neuf : un effondrement historique
Le logement neuf, pilier central de l'activité du bâtiment, connaît une chute sans précédent. Selon les chiffres présentés par la FFB, les mises en chantier ont chuté de 134 % en glissement annuel à la fin juillet 2024. Ce chiffre est alarmant, ramenant la construction de logements à un niveau historiquement bas, comparable à celui de la fin des années 1950, avec environ 260 000 logements en construction sur l'année 2024. Les permis de construire, quant à eux, reculent de 99 % sur la même période, et aucune amélioration significative n'est attendue dans les mois à venir.
La situation est particulièrement critique pour le secteur de la promotion immobilière, où les ventes aux particuliers continuent de chuter, tandis que les programmes d'achat par des institutions publiques, comme Action Logement et CDC Habitat, masquent temporairement l'ampleur de la crise. Selon Olivier Salleron, il est urgent de mettre en place un plan d'action pour redynamiser ce secteur en péril.
Une lueur d’espoir pour le non-résidentiel
Si le secteur résidentiel continue de sombrer, quelques signes positifs se manifestent dans le non-résidentiel. Les surfaces commencées et autorisées connaissent une moindre baisse par rapport aux chiffres catastrophiques du logement, notamment grâce à un redressement dans les bâtiments administratifs, encouragé par l'approche des élections municipales de 2026. En effet, les bâtiments publics progressent de 117 % en glissement annuel sur trois mois.
Cependant, ces améliorations restent marginales, et le secteur non-résidentiel, tout comme le reste du bâtiment, ne pourra retrouver une dynamique positive sans une intervention rapide du gouvernement.
La rénovation énergétique : un dispositif à réformer
La rénovation énergétique, autre secteur clé du bâtiment, est elle aussi en souffrance. La réforme de MaPrimeRénov', lancée début 2024, a été un échec relatif. Bien que le dispositif ait été assoupli en mai dernier, les résultats sont loin des attentes, avec une progression de seulement 4 %. La FFB plaide pour un maintien des aides à la rénovation énergétique et une stabilisation de MaPrimeRénov’ pour permettre aux ménages et aux entreprises de s'engager pleinement dans la transition énergétique.
L’emploi et les défaillances : un bilan contrasté
Le secteur de l’emploi dans le bâtiment, bien que résilient, commence à montrer des signes inquiétants. Environ 28 000 postes ont été perdus entre les premiers semestres 2023 et 2024, et la FFB prévoit une perte totale pouvant aller jusqu'à 50 000 postes d'ici la fin de l'année. En parallèle, les défaillances d'entreprises, qui avaient progressé de 45 % fin 2023, se sont stabilisées en 2024, mais les trésoreries restent sous tension et de nombreuses entreprises fragiles risquent de ne pas survivre à cette crise prolongée.
Un plan logement pour relancer le secteur
Face à ces constats, Olivier Salleron a formulé plusieurs propositions claires et concrètes pour relancer le secteur. La FFB appelle notamment à un rétablissement du Prêt à Taux Zéro (PTZ) universel, la prorogation du dispositif Pinel, ainsi qu’à une stabilisation des aides à la rénovation énergétique, en particulier MaPrimeRénov’. Ces mesures, selon la FFB, sont cruciales pour éviter une nouvelle année de crise en 2025.
Malgré la complexité du contexte économique, la FFB reste convaincue qu’un soutien rapide et ciblé peut relancer le secteur du bâtiment et éviter une hémorragie d’emplois et de compétences dans les années à venir. Le nouveau gouvernement est invité à prendre en compte ces recommandations pour inclure un plan logement dans le prochain projet de loi de finances (PLF) pour 2025.