Les trophées, jamais on en fait trop

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Fordaq JT
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Francîlbois, l'interprofession un peu particulière d'une région un peu particulière en matière de bois et de construction bois, était cette année seule aux commandes de ces Trophées régionaux, sans l'appui du CNDB pour ainsi dire disloqué. Dommage pour ce rare moment francilien de recul sur la production annuelle encore très insuffisante de constructions bois.

Réseaux sociaux, communication dans tous les sens, prix et trophées à tout va : c'est un signe de notre époque, et aussi la difficulté de réaliser le bon suivi. Un événement chasse l'autre. Rien que le mois dernier, voici deux événements de la filière bois, type Trophées, auquel les lecteurs de Fordaq ont échappé, sans compter les différentes remises des 9 Trophées régionaux de la construction bois. "C'est à l'espace Atout Cœur, à Montbazon, que la filière bois a décerné ses trophées de l'innovation à l'issue d'une journée où se sont succédé conférences ciblées et rendez-vous personnalisés pour les professionnels de ce secteur en plein développement. Cette manifestation – organisée par Arbocentre, Abibois, Atlanbois et Professions bois – a récompensé les entreprises de la filière bois des régions Centre-Val de Loire, Bretagne, Pays de Loire, Ile de France et Normandie" (Nouvelle République du 13 mai 2017). Et puis, Dom'innov, une entreprise qui emploie 4 personnes, a reçu le Grand Prix du jury de la transition énergétique. Comment s'y retrouver ?

Le Prix national de la construction bois a pour lui, désormais, une certaine pérennité, une assise large. En principe, des concours sont lancés en fonction des contraintes chronologiques spécifiques des régions, désormais les 13 grandes régions, dont 9 organisent des Trophées. C'était une première en Grand-Est et la remise a commencé en clôture du 7e Forum FBC. Car, autre spécificité des Trophées, il y a pas mal de catégories, donc on gagne à répartir les remises au fil d'autres événements. Selon FBC, les Trophées IdF sont à peu près les derniers remis pour la mouture 2017. Les projets qui ont fait l'effort de déposer un dossier dans les régions concourent de fait au niveau national. Le jury national est spécifique, il a déjà siégé en mai mais les résultats ne seront annoncés qu'à l'occasion du congrès Woodrise à la mi-septembre. Les Trophées portent sur des réalisations de la période 2015-2017 et donneront lieu en principe, comme les autres années, à un ouvrage catalogue, ce sera le "Tome 7".

Dans le cas de l'Ile de France, 80 projets ont concourus. La démarche est volontaire, en tout cas, La Seine Musicale ou Opalia n'en font pas partie, peut-être pas encore. L'an dernier, le jury était présidé par Fabienne Bulle, lauréate d'un des prix de l'année précédente. Comme l'an dernier, l'immeuble Bois Debout de Montreuil est justement sorti du lot, c'est l'architecte Stéphane Cochet qui a présidé le jury 2017. Il a imprimé sa marque sans toutefois partager tous les choix du jury : "Parmi les projets, nous avons voulu privilégier la valorisation de logements à partir de la 3e famille, et plutôt les réalisations urbaines complexes de la ville sur la ville que des beaux ouvrages isolés. Dans cet esprit, le programme de réhabilitation Logirep à Trappes a attiré toute notre attention, plus que l'opration Techniwood de Poissy qui remplace la façade, malgré tout son intérêt technique et la transformation de bureaux en logements. Une surélévation à Montreuil a été primée, également. Il s'agissait aussi de mettre en avant des projets de bureaux en bois, comme à Suresnes, l'aménagement intérieur et la requalification d'une cantine, l'opération Etoile du Nord dans l'existant en service. D'une manière générale, l'idée a été de moins récompenser une architecture que de valoriser notamment des maîtres d'ouvrage courageux". Ainsi, le jury n'a pas snobé une opération de 75 000 euros en bois paille en Essone (centre de permis de conduire), également pour prendre en compte cette approche d'avenir. L'absence de la grande opération de Ris Orangis est cependant notable dans ce contexte, mais qu'on se rassure, elle a déjà fait l'objet d'une médiatisation tellement plus forte que tous les trophées IdF réunis... 

Voilà le palmarès que précise l'Agence Locale de l’Énergie et du Climat de Plaine Commune dans un courrier.

"Le territoire de Plaine Commune était présent avec le Pop Up Building de l’atelier WRA pour l’OPH d’Aubervilliers. Ces 18 logements du 54/56 rue Charles Tillon ont été récompensés par le 1er prix de la catégorie Logements collectifs et groupés. D’autres lauréats constituent autant d’exemples intéressants pour alimenter notre réflexion sur la construction. Par exemple : Le centre d’examen du permis de conduire (3ème prix spécial du jury), pour la Préfecture de l’Essonne : ce bâtiment temporaire de 498 m2 conçu comme démontable et transportable, isolé en paille et construit sur micropieux, concilie provisoire et exigences environnementales ; La réhabilitation de 85 logements sociaux (1er prix de la catégorie intervention sur l’existant) pour LOGIREP. Brézillon et SOCOPA ont réalisé une isolation par l’extérieur sous ossature bois. Leur technicité a permis un montage de panneaux préfabriqués en site occupé pour un chantier « transformé en spectacle » selon l’architecte, Renée FLORET-SCHEIDE.

Stéphane MICHEL, délégué général de Francilbois, a introduit l’événement en soulignant l’importance des maîtres d’ouvrage pour dynamiser la filière forêt-bois. Par leur engagement en faveur de la construction bois, ils offrent des perspectives aux sylviculteurs, aux scieurs, aux constructeurs… Stéphane COCHET, architecte de A003 et président du jury, a marqué cette remise des trophées sous le signe de l’anthropocène. Tensions sur la ressource et urgence climatique percutent l’acte de construire. Principes low-tech, matériaux bio-sourcés et sobriété énergétique sont autant de solutions pour continuer à construire à un coût global maîtrisé".

La surélévation à Montreuil est signée Eric Perraudin. Il s'agit d'un bâtiment industriel de deux étages, typique, surélevé carrément de trois étages en bois. La structure faisait l'affaire, mais pas les fondations tout à fait sommaires qui ont donc été reprises en sous-oeuvre. 

Au fil des éditions, les trophées régionaux et nationaux sont parvenus à être davantage en prise sur l'actualité, même si l'actualité est déjà ailleurs. et pour ce qui est de l'Ile de France, c'est entre autres du côté d'EPAMARNE que ça se passe en ce moment, avec quatre opération de logements en conception-réalisation : Terralia pour l'îlot B3 sur parking enterré, I3F avec du miscanthus (entreprise Lifteam), une autre opération I3F en R+1 sans parking (Lifteam), et une opération décrochée récemment par Stéphane Cochet avec Expansiel et Meha. Pour le coup, Stéphane Cochet était installé de l'autre côté du jury. Un permis de construire devrait être déposé d'ici fin juillet pour 48 logements en R+2 passifs et biosourcés niveau 3, objectif zéro carbone, un travail sur les remblais et l'économie de matériaux, 10 maisons accollées sans doute isolées avec de la paille. Stéphane Cochet explique modestement son succès récent par le fait que l'équipe dont il fait partie était la seule dans le budget, et que le charpentier Meha a livré des croquis de détail de qualité plan d'exécution qui ont été très rassurants. Le budget, c'était aussi grâce à l'approche ossature bois chère à Cochet, pratiquée pour l'immeuble Bois Debout. Qui peut le plus, R+5, peut le moins, R+2. Et en attendant les tours, les meilleurs architectes franciliens du bois se font les dents sur des opérations où la performance, c'est le budget, et où tout se joue sur la préfabrication.  

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dossier de presse

 

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