Décès de Charles Jacob

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Fordaq JT
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Le charpentier Charles Jacob, qui a fait croître l'entreprise artisanale familiale de la Nièvre entre 1957 et 1993, avait passé la main à son fils Pascal depuis plus de 25 ans, et le développement explosif qui a suivi a débouché sur une intégration du site industriel POBI dans un groupe.

Voici comment, sur le site de Pascal Jacob, est racontée l'épopée imprésariale menée par son père :

Charles JACOB,  précurseur de la charpente et de la structure bois modernes, succède à Prosper BATTENTIER, son beau-père, en 1957 et dirige l'entreprise familiale jusqu'en 1993.

En d'autres temps, d'autres méthodes. Le charpentier s'est adapté. Après la dernière guerre, l'impérative nécessité de reconstruire en nombre suffisant a profondément bouleversé les techniques de construction. en 1965, les charpentes industrielles appelées par les anciens « fermes-chevrons » firent leur apparition en France. Ce type de charpentes montre qu'à contraintes admissibles égales et pour les mêmes sollicitations, elles utilisent moins de bois par rapport à toute autre technique. La simplicité des formes et la répétition des modèles répondent parfaitement à l'industrialisation.

​Après le décès brutal de Prosper BATTENTIER en 1957, Charles JACOB, son gendre qui épousa sa fille Bernadette en 1955, a compris très vite cette profonde mutation du métier de charpentier. Lui-même charpentier dans l'âme, il employa cette technique contre vents et marées et pour la première fois à Nevers en 1968 lors de la construction de l'inspection académique de la Nièvre.

Commentaire : en France, la charpente industrielle a plus ou moins 50 ans.

L'entreprise JACOB BATTENTIER devient alors, JACOB STRUCTURES BOIS et lorsque le fils Pascal intègre l'entreprise, celle-ci déménage à Sermoise-Sur-Loire, dans la banlieue sud de Nevers où Charles JACOB fait l'acquisition d'une ancienne usine de préfabrication de panneaux de façade en béton. Suivent jusqu'en 1993 plus de 10000 charpentes traditionnelles, lamellées-collées et industrielles et "de nombreuses opérations de toute première importance et véritables références en France par leur dimensions et degré de complexité concernant à la fois des bâtiments publics, privés et des ouvrages d'arts". Parmi les plus significatives Pascal Jacob cite :

Le groupe scolaire Pierre Brossolette de Nevers (58), la restructuration de la Tour Nord du Palais Ducal de Nevers (58), le Lycée de Soissons (02), le Collège de Vervins (02), le Lycée Charles De Gaulle de Dijon (21), l'Hôpital de St-Pourçain (03), les coffrages du contournement autoroutier de St-Chamond (42), les coffrages des ouvrages d'art TGV de l'autoroute A5, le coffrage du pont autoroutier de Bizeneuille A71 (03), les coffrages des piles des ouvrages d'art de Fenestrelay (18), le circuit F1 de Magny-Cours (58), le groupe scolaire de Magny-Cours (58), le Lycée de Riom es Montagne (63), le Village Hôtel de Marseille (13), l'Hypodrôme de Longchamp (75), la restructuration de 200 pavillons de Torcy (71).

Parallèlement, Charles JACOB et son fils Pascal lancent plusieurs activités novatrices prémices des futures activités à ossature bois : En 1989, ce sont les premières SANIBOX, cabines sanitaires conçues en 3D totalement pré-équipées et destinées aux parcs de loisirs et campings. En 1990, l'entreprise structure une activité d'aménagement de combles tous corps d'état (sous la marque « Les Nouveaux Espaces » qui connut un important développement régional avec l'arrivée du KERTO (Lamibois) en 1991 dont l'entreprise JACOB était l'un des tous premiers distributeurs en France. En 1992, l'entreprise compte alors 15 salariés. Lorsque Pascal Jacob reprend les rênes de l'entreprise, en 1993, c'est là que la construction bois automatisée démarre véritablement. Une quinzaine d'années menées tambour battant, où la place et la responsabilité de Charles Jacob n'est pas précisée, et qui débouche il y a dix ans sur l'intégration au sein de Natilia, même si la famille Jacob reste actionnaire. 

Au moins, POBI continue de tourner et a fait d'ailleurs récemment fonction de référent français pour le projet européen de recherche BERTIM sur la rénovation de façades énergétique avec des éléments en bois préfabriqués. Mais ce n'est quand même peut-être pas ce que laissait espérer l'appui vigoureux d'Antoine Veil, qui repose désormais au Panthéon, et qui avait compris il y a 15 ans à quel point la forêt française est sous-exploitée, au point de peser de tout son poids pour le développement d'une industrie de la construction bois. Les étapes de ces quinze années fantastiques sont détaillées par Pascal Jacob sur son site, mais à lire les déclarations d'Antoine Veil, on se demande ce qui a bien pu se passer au cours des dix dernières années, à part plus ou moins la répétition des mêmes discours. 

Il n'y a pas finalement de Jacob comme il y a en Allemagne des Schwörer ou des Weber. Il y a certes encore des Mathis et des Simonin mais ils ne sont pas nombreux, et moins solides. Et le CSF Bois, tout comme le CSF Industries de la construction, se fixe l'objectif de faire émerger des leaders, mais le problème semble être que l'on manque de candidats. Ce n'est d'ailleurs pas forcément une question de capitaux. Si on analyse finement le fonctionnement de ceux qui ont survécu, force est de constater que cette filière ne fonctionne pas comme dans un ouvrage scolaire de management. Ou bien, tout simplement, tous les acteurs n'ont jamais vraiment pu sortir la tête de l'eau face aux majors. Des majors qui oscillent entre des velléités de développement de filiales bois et le désamour face à la faible rentabilité de leurs danseuses. 

Question : est-ce que les Charles Jacob d'aujourd'hui seront les Johannes Schwörer de demain ? 

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