Fordaq interview avec Bruno Ronzel: «Où va le marché des connexes de scierie?»

Source:
Robert Wood
Visites:
6578
  • text size

Bois et Connexes de Franche-Comté (BCFC) fête ses 10 ans d’existence. Co-gérant avec Raymond Bertin et Claude Cuby de l’entreprise, Bruno Ronzel analyse le marché des sous-produits de scierie...

Fordaq: « Où en est aujourd’hui BCFC ? »

Bruno Ronze: « Cette Sarl a été créée en 2004 par 22 scieries franc-comtoises qui sont devenues associées de BCFC. Leur but était de se regrouper afin de mieux valoriser leurs produits connexes en proposant un volume de bois significatif. D’où la naissance de BCFC, une structure commerciale spécialisée dans la vente de PCS sous différentes formes : sciures, écorces, plaquettes, trituration, déchets ultimes... En 2013, nous avons mobilisé 385 000 tonnes de bois dont la moitié provient de 130 scieries non associées qui se sont jointes à nous au cours de ces 10 dernières années. Aujourd’hui, nous sommes certainement une des entreprises de ce type les plus représentatives en France, avec une zone d’activité essentiellement concentrée sur le quart nord-est. »

Fordaq: « Comment se caractérise le marché des PCS ?»

Bruno Ronzel: « Les PCS sont essentiellement orientés sur 3 destinations : les clients historiques des industries lourdes des pâtes et des papiers et celles des panneaux et, depuis quelques temps, un nouvel arrivant avec le bois énergie. Ce sont nos voisins allemands qui dirigent le jeu en raison de la puissance de leur industrie papetière et de leurs scieries, ces dernières occupant la 1ère place des producteurs de sciages en Europe. Les volumes traités sont donc conséquents et une inflexion de la demande ou de l’offre d’à peine 5% dans un sens ou dans l’autre, prend des proportions très importantes et provoquent de grosses réactions sur les marchés. C’est pourquoi il est difficile aujourd’hui de parler d’excédent ou de pénurie car tout se joue à la marge dans des variations de flux assez infimes. »

Fordaq: « Justement, où en est le marché actuel des PCS ? »

Bruno Ronzel: « Nous avons constaté depuis la fin de cet hiver une certaine tendance à la baisse sur les prix des PCS. Toutefois, ceci relève plus d’une contamination du marché allemand -une sorte d’effet de voisinage-, que de causes structurelles tenant à la situation française. Le marché actuel se caractérise toujours par des flux et des volumes importants mais avec des prix sous pression car il faut s’ajuster à la diminution des tarifs en Allemagne. Concernant les dernières évolutions, nous avons enregistré une légère baisse des prix des sciures de l’ordre de 5% sur mai-juin 2014. Cette baisse semble se maintenir chez nos voisins germaniques. En revanche, en France, je pense que nous avons passé le creux de la vague. D’ailleurs je note que les prix ont commencé à remonter chez nous début juillet 2014.

La sécheresse de juin a privé de luzerne les usines de déshydratation qui ont relancé la granulation de sciures. Pour les PCS qui sont des produits fatals en quantités non modulables, mais limitées et difficilement stockables, la situation peut évoluer très vite comme nous avons pu le voir en fin d’hiver avec des températures très douces influençant le niveau de la demande du pellet à l’instant t. Mais c’est un phénomène marginal car la demande structurelle en produits connexes reste bien orientée.

N’oublions pas que dans l’Hexagone, l’arrivée du bois énergie a compensé la disparition de 5 papeteries et de 3 usines de panneaux ces dernières années. Ce que l’on a perdu en demande linéaire et régulière à l’année, nous l’avons gagné en demande saisonnière avec des cycles de marchés encore plus rapprochés. Désormais, tout peut se jouer en deux ou trois mois, les connexes sont rentrés dans le jeu des marchés spot et tous les opérateurs sont à l’affût des moindres signaux indicateurs. Ces changements récents nous obligent à être beaucoup plus attentifs aux souhaits de nos clients avec lesquels nous travaillons en partenariat depuis maintenant de longues années. »

Postez un commentaire